SOCIETE REALISTE: Fiac hors les murs 2013
Olivier Ponsoye
SOCIÉTÉ RÉALISTE
U.N Camouflage, 2013
Impression sur textile
193 drapeaux (150 x 100 cm)
Présentée par la Galerie Jérôme Poggi, Paris Avec le soutien de Carolus Advisors, du fonds de dotation Buchet-Ponsoye et Doublet. Fondée en 2004 par Ferenc Gróf (né en 1972) et Jean-Baptiste Naudy (né en 1982), Société Réaliste est une coopérative d’artistes. Pour le quarantième anniversaire de la FIAC, la passerelle Léopold Sédar - Senghor est pavoisée passerelle Léopold Sédar - Senghor est pavoisée de l’oeuvre monumentale de Société Réaliste, U.N. Camouflage. 193 drapeaux, reprenant les couleurs de chacun des Etats membres de l’ONU selon un motif de camouflage, sont hissés à six mètres de haut de chaque côté de la passerelle reliant le Louvre aux Berges de la Seine rive gauche. De l’Afghanistan au Zimbabwe, les 193 drapeaux perdent leur caractère identitaire, tout en restant étrangement familier. Leurs particularismes idéologiques, politiques ou culturels se fondent dans une multitude de formes et de couleurs communes à toutes les nations. La perception de ces emblèmes nationaux se trouble aussi bien visuellement que conceptuellement.
Située sur la passerelle Solférino, l’installation U.N. Camouflage de la coopérative d’artistes Société Réaliste regroupe 193 drapeaux, évoquant de manière frappante le parvis d’un bâtiment des Nations Unies. Ferenc Grof et Jean-Baptiste Naudy ont brouillé les emblèmes nationaux en traduisant les symboles et formes des compositions initiales en un motif de camouflage militaire. Seules les proportions de couleurs de chaque drapeau restent inchangées.Dans la continuité de leur travail de détournement des symboles, Société Réaliste remet en question la volonté pacificatrice de la mission des Nations Unies en convoquant un motif propre aux forces armées. Le caractère dissimulateur du camouflage s’oppose à l’idéal de transparence des Nations Unies, introduisant un autre paradoxe. Cette organisation prône une égalité universelle qui se révèle utopique en considérant que tous les pays membres n’y sont pas équitablement représentés. U.N. Camouflage dénonce un état de glaciation géopolitique entretenu par les membres permanents du Conseil de Sécurité. Alors que les enjeux politiques généraux de l’œuvre apparaissent assez rapidement, chaque drapeau à lui seul invite à une réflexion. En respectant l’ordre alphabétique du pavoisement, comme le fait l’ONU, U.N Camouflage permet également au spectateur de reconnaître certains emblèmes qui lui sont familiers. Les couleurs ne résultent pas seulement d’un parti pris artistique : elles sont placées au rang de symbole identitaire d’un peuple. En retraçant l’histoire des pays et les liens étroits qui peuvent les rapprocher, les couleurs renvoient au mythe de la construction nationale.
Dans l’installation, le spectateur peut reconnaître le drapeau chinois par l’éclatement du motif jaune sur
le fond rouge, référence au communisme. Les pays d’Afrique subsaharienne, quant à eux, emploient majoritairement le jaune, le vert et le rouge du drapeau éthiopien, seul pays du continent à n’avoir jamais été colonisé.
Mais si Société Réaliste peut notamment faire écho aux effets plastiques du dripping de Jackson Pollock ou à la réflexion de Jasper Johns sur le drapeau américain en tant qu’icône, U.N. Camouflage se met avant tout au service d’une pensée ironique sur le renversement symbolique des valeurs nationales et onusiennes, proposant au spectateur une lecture critique symbolique, historique et esthétique.
Lola Carrel, Margot Delvert, Laura Izard et Marie Masson
Elèves de l’Ecole du Louvre